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awaveoffilm

22 octobre 2007

Funny Games de Michael Haneke

Funny_Games___Michael_HanekeSorti le 14 Janvier 1998
Film autrichien réalisé par Michael Haneke
Avec Susanne Lothar, Ulrich Mühe, Arno Frisch...
Drame, Thriller

L'histoire:
Une famille modèle, composée d'Anna et de Georges, de leur fils et de leur chien, débarque dans une maison de vacances au bord d'un lac. Là, deux adolescents viennent à leur rencontre et dans un jeu pervers et violent, vont les tuer un à un.

L'analyse:
Il est clair que le film traite de violence. Et on le sent dès le début, à la vue de cette famille trop parfaite qui s'exerce à des blind test de musique classique. Celle ci est d'ailleurs coupée par un générique punk brutal qui annonce déjà l'élan sadique et impitoyable des deux adolescents. Les images s'axent au début beaucoup plus sur les objets (le poste radio, les clubs de golf, la nourriture dans le frigo, le chien...) que sur les membres de la famille. La famille est ici dépersonnalisée et n'est qu'un pion du jeu comme elle pourrait être un pion dans un centre commercial, parmi justement tous ces objets.
L'arrivée des deux adolescents est dérangeante, notamment à cause de cette politesse trop lourde qui en devient indigeste. Les oeufs ont été choisi pour ce côté brisable et la répétition de leur cassage pourrait presque être un élément de théâtre comique. Pourtant ce n'est pas vraiment le cas ici...On est un peu trop spectateur, on est complice mais impuissant. Pris à parti, le spectateur doit miser dans le jeu pour une des deux causes. Tout est fait pour que nous nous alignons du côté de cette famille qui représente tant le bien de notre société. Pourtant ici, rien ne permet à ces 4 êtres de s'en sortir. Et au contraire, les espoirs de fuite donnés au spectateur ne sont qu'en fait des leurres visuels rendant au final le film que plus violent (l'insistance visuelle sur le couteau dans le bateau, la scène du fusil et de la télécommande...).
Ici le but n'est pas de condamner la violence, mais c'est beaucoup plus subtil que ça. Un film qui se serait contenter de dire que "faire du mal ce n'est pas bien" n'aurait pas vraiment été intéressant. A certains passage, le spectateur a envie que la famille puisse se montrer violente. Quand la femme saisit le fusil et tire sur "Bouboule", on a envie qu'il meurre...Pourtant, le réalisateur se permet de nous montrer quelques secondes plus tard que ce qu'on voulait voir n'est pas ce qui se passe. Comme si il nous faisait un clin d'oeil à son tour pour dire "Vous êtes rentrer dans le jeu, ça c'est ce que vous auriez voulu...Mais la règle du jeu de la violence, ce n'est pas ça... C'est son impitoyabilité". Et là, la scène se rembobine, et on rerentre dans le cauchemar.
Après que l'enfant est été tué, la scène qui suit est longue, lourde et bien froide. Bercée par un bruit agaçant sorti de la télévision, cette scène sans les tueurs laisse pourtant présager leur retour. On s'en doute, car l'atmosphère dégagée n'a rien de salvatrice. On est encore dans le danger. Et puis comme si ce n'était pas fini, la femme ne se rue pas vers son mari pour qu'ils se réconfortent mutuellement. Non, ligotée et malgré les difficultès de déplacement, elle se dirige vers la télévision qu'elle éteint avec difficulté. Peut être un clin d'oeil critique à l'égard des médias ... (car je rappelle qu'à ce moment là, le son de cette télé est justement trop dérangeant).
Comme un mauvais thriller, Haneke ne suit aucune règle du genre. Il s'en prend directement au chien et au jeune garçon alors que ce sont d'habitude les seuls survivants des carnages cinématographiques. Ici rien n'est suggéré dans ce qui va se passer et même les deux adolescents prennent le spectateur à parti dans le choix des tortures!
La fin du film est symbolique. Cette discussion métaphysique sur le bateau montre bien à quel point les deux adolescents sont sans pitié. Ils se débarassent de la femme sur un prétexte quasi ridicule (la faim), comme si la violence ne s'expliquait pas au final... Pas d'origine complexe, la violence fait partie intégrante de notre société, tout comme les besoins vitaux, presque une part de la nature humaine.
Et bien sûr, on termine sur une boucle, le jeu recommence comme si on venait de faire le tour d'un plateau de jeu de Monopoly. Nous revoilà à la case départ...Ce qui souligne encore une fois ce côté de violence inéluctable. Tout comme le fait qu'aucune raison ne nous soient données. Il y a même un jeu assez drôle sur ça, quand les deux adolescents font une liste stupide et donc ironique concernant la raison de leurs actes. Ce passage là tourne en dérision beaucoup de films qui se perdent dans des explications abracadabrantes de la raison comme si le cinéma devait tout expliquer et se justifier. Non! La violence ne s'explique pas toujours, la violence n'est pas un jeu, la violence c'est juste cette "claque dans la gueule" que vous pouvait recevoir rien qu'en regardant Funny Games....

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